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samedi 2 janvier 2021

Derrière la fable, trouver la fontaine

J'ai toujours pensé qu'il y avait autre chose à comprendre des fables de La Fontaine, et par voie de conséquence du travail d'Esope en amont que ce que leur première lecture pouvait nous laisser comprendre.

Rarement morales auront pourtant été aussi limpides.

Tiens, prenons La cigale et la fourmi.

Le message est clair. L'oisiveté est souvent mère de nombreux maux. La cigale est dépensière, vit dans l'instant présent pendant que la fourni, travailleuse, est organisée, voit loin et ne se retrouve pas dans le besoin. Le message est même teinté d'une "critique" acerbe de la fourmi qui serait égoïste, qui ne serait pas "prêteuse"... Pingre, radine, peu prompte à aider son prochain dans le besoin.

Oui mais voilà, pour moi la cigale, en filigrane, c'est aussi "yo soy", c'est le culte de la personnalité, c'est le chemin de celle ou de celui qui s'écoute, se mire, se respire, celle qui se pense à tort connectée au "tout" lorsqu'elle chante et pousse ses incantations vers le ciel.

Illusoire. les apparences sont trompeuses. Méfions-nous des premières impressions.

La Fourmi semble à première vue être celle qui vit dans la détermination, dans une absence à la vérité dernière, prisonnière d'une matérialité sclérosante pendant qu'on imagine la cigale comme aspirant à découvrir des mondes célestes, cachés.

Et bien non, c'est tout le contraire, je m'explique.

Ce que peut raconter la fable en filigrane c'est justement que la fourmi par son sens inné du sacrifice pour le collectif, par sa capacité à gommer l'égo, la recherche individuelle d'un bonheur terrestre, est précisément celle qui a "tout compris". Mais elle n'est pas "prêteuse", au sens de ce qu'elle ne livre pas facilement son secret, son intime connaissance des fins dernières... Car l'hiver qui est venu, c'est aussi le soir de la vie naturellement... La cigale s'aperçoit qu'elle s'est perdue en chemin et qu'elle a perdu de vue l'essentiel, le sens de ce qu'elle faisait ici bas. Elle voudrait que la Fourmi lui révèle ce secret mais la fourmi laisse entendre que pour comprendre il faut être une fourmi, il faut s'effacer au sein du groupe, être dans le rôle qui nous est dévolu, dans l'instant présent de touts les instants, alors on peut savoir, alors on sait. On n'est pas prêteur de ce qui doit se vivre pour être ressenti, compris. 

Si je me penche sur le lièvre et la tortue c'est la même chose : l'enseignement à première vue est limpide, il concerne le fait de ne pas remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, à combattre la procrastination, à éviter de faire les choses dans la précipitation, souvent mauvaise conseillère. Soit...

Mais Le Lièvre c'est tout aussi bien le capitalisme et sa recherche folle de résultats et d'une efficacité pour maintenant, tout de suite... Le chiffre le chiffre, le chiffre. C'est l'accélération des échanges (courrier puis téléphone puis fax puis mail...) sa dématérialisation dans notre société du tout numérique, du tout et tout de suite. Tendance s'opposant à la méthodique et lente progression de la Tortue qui reste ancrée, qui ne perd de vue ni son objectif ni ses repères (sa maison en permanence sur son dos).

Allons plus loin : Le lièvre c'est le symbole vivant de cette société de consommation et du spectacle prophétisée par Guy Debord. La lièvre cherche la lumière, les louanges, se concentre sur sa propre trajectoire sous les projecteurs et sur les écrans du monde qui l'a façonné... Son image avant tout. C'est ainsi qu'il finit par se perdre, s'oublier, se noyer.... La tortue elle n'est pas sensible à ce chant des sirènes, elle se contente de ce qu'elle a, une petite maison, de quoi vivre, elle apprécie chaque pas effectué, elle se réalise dans l'écoulement de chaque seconde, elle se réalise pleinement dans l'instant présent. Sans se projeter, sans se retourner, sans anticiper. A chaque pas suffit sa peine. Elle dit mieux que quiconque les vertus du Carpe Diem qui révèle à son disciple le vrai sens de la vie. Du moment présent. 

Quid du Corbeau et du Renard : L'égo toujours l'égo... Qui offre au manipulateur, à l'être intéressé les moyens de tromper l'autre, de s'élever socialement en flattant son ego. Mettez l'ego de côté et vous revivrez. L'égo c'est la propriété, c'est aussi paradoxalement ce bout de fromage sur lequel lorgnent les envieux. La fable ne dit pas autre chose : lâchez ce fromage (la notoriété, l'argent, l'entregent), descendez de cet arbre (situation sociale enviable), redescendez sur terre redevenez vous-même c'est à dire un être vivant sans vous laisser guider / dévorer par son ego et vous ne vivrez jamais de désillusions. Vous vivrez vraiment. 

On pourrait faire de même pour le Chène et le Roseau : Evidemment plus vous êtes arrivé "haut" socialement, plus la chute est rude. Les déconvenues sont plus violentes pour les grands de ce monde quand tout s'arrête brutalement. Mais j'ai toujours vu cette fable comme la métaphore de l'expert et de l'apprenti. Les certitudes face à la capacité permanente d'émerveillement et d'apprentissage. De remise en question aussi. La souplesse du roseau c'est de ne pas se prendre pour ce qu'il n'est pas. Personne n'est expert, personne ne devrait le devenir. Amateur oui (d'art), passionné oui, mais expert jamais ! C'est sur ces chemins là qu'on se calcifié, qu'on se sclérose, que la première tempête nous emporte.

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